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La pandémie pourrait être l’occasion de rendre votre lieu de diffusion plus accessible à plus de gens

Classical Theater with Red stage curtain with arch lights and shadows.

Si vous suivez de près le processus de déconfinement en cours, vous aurez constaté que la situation évolue rapidement. Par exemple, le gouvernement québécois a annoncé la semaine dernière que « le nombre maximal de personnes pouvant assister à des événements intérieurs et extérieurs dans des lieux publics passera de 50 à 250 à compter du 3 août » prochain. Il y a un peu plus d’une semaine, l’Ontario entreprenait la 3e étape de son déconfinement. « Les amateurs d’arts de la scène peuvent à nouveau assister à des concerts et spectacles dans des établissements pouvant recevoir au maximum 50 personnes. La distanciation physique d’au moins deux mètres doit être respectée entre les spectateurs. »    

Dans une entrevue qu’il accordait le 6 juillet dernier à ICI Première, le directeur technique et responsable de la salle de spectacle Les Pas Perdus aux Îles-de-la-Madeleine (QC), Stéphane Lapierre, affirmait que la réouverture de son lieu avait « super bien été. Les gens étaient très consciencieux. Ils ont respecté les règles. (…) C’est facile de créer une atmosphère avec des tables et des chaises. On s’aperçoit que ce n’est pas 170 personnes, mais c’est quand même éparpillé. Ça n’a pas l’air d’une salle vide. (…) L’artiste n’a pas senti que les gens manquaient à l’appel. »

Les Pas Perdus sont essentiellement une boîte noire qui peut être aménagée selon les circonstances. Transformer son lieu pour le rendre plus accueillant à un plus grand nombre de gens est une des recommandations que formule le responsable d’une importante étude internationale qui porte sur la reprise des activités artistiques et culturelles en cette période de pandémie, intitulée Audience Outlook Monitor. Selon Alan Brown, les lieux de diffusion traditionnels sont souvent perçus comme des endroits dangereux parce que les autorités les classent au nombre des derniers qui rouvriront leurs portes une fois la pandémie atténuée. Ses recherches courantes démontent que les gens sont plus aptes à se sentir à l’aise dans un endroit qui accueillerait normalement 50 à 100 personnes, avec le respect des consignes sanitaires, que dans un lieu qui en recevrait de 100 à 500. Les participants à l’étude disent qu’ils se sentent plus à l’aise présentement dans un lieu confiné s’il y a moins de gens présents. Alan Brown se base sur ces constats pour affirmer « qu’au même titre que nos communautés se diversifient d’un point de vue sociodémographique, nos lieux culturels doivent aussi se diversifier. (,,,) Les groupes artistiques ont besoin depuis longtemps de lieux flexibles qui peuvent être aménagés pour y présenter des œuvres dans une variété de formats susceptibles de plaire à de nouveaux publics qui ne sont pas interpelés par les lieux traditionnels. »      

Parmi les types de changements qu’il propose, il évoque le cas du Wilma Theater de Philadelphie qui érigera un théâtre élisabéthain dans son lieu. Il suggère aussi que les halls d’entrée comprennent une scène et les nouveaux lieux de diffusion, un espace plat similaire à un entrepôt (boîte noire).

M. Brown a certainement le mérite de suggérer des idées novatrices, mais comme l’affirmait récemment le membre fondateur et directeur des activités artistiques de Terres en vue et de Présence autochtone, André Dudemaine, « il est temps de rebondir, d’être inventifs parce que nous y sommes obligés ».

Jean-Francois: